[Oeuvres] Conseils pour lectures assoifées

Je lance ce topic pour parler littérature. Littérature de tous les jours, littérature littérature ! J'aimerais connaître vos lectures, découvrir de nouveaux romans sympas et peut-être même débattre sur certains récits plus ou moins bons.

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Du coup je me lance...en ce moment je lis un recueil de nouvelles de Primo Lévy: Lilith. Ce type est extra, il a vécu Aushwitz et raconte les différentes rencontres qui l'ont marqué. C'est un bouquin prenant...en tout cas pour la première partie. La seconde est beaucoup moins subjective, il laisse place à son imagination débordante et le contraste est assez incroyable. Je vous le conseille vivement!

Merci d'avoir lancé un sujet de ce genre, Mouss!

Ces jours-ci, je me suis lancée dans Voyage au bout de la nuit, déjà commencé deux fois par la passé (j'avais vite décroché en raisons d'occupations prenantes dans la vie très réelle).
On dit de Céline des tas de choses pas reluisantes, et l'on sent frémir dans les mots... Des choses pas reluisantes, justement. Le problème (en est-ce un? non) est que le monsieur possède une intelligence indéniable, une plume hallucinante, toutes les qualités que l'on peut décemment attendre d'un génie de la littérature. Il nous arrache donc petit à petit, c'est malsain tout ça, mais c'est génial.
Ah et, pour l'histoire, c'est un petit gars pauvre et paumé au début du siècle dernier. Mais ce n'est pas ce qui a le plus d'importance.

C'est drôle, ma prof vient juste de m'en parler. Celine me tente depuis quelques semaines tu viens d'exciter ma curiosité. En poésie je lisais Pierre Reverdy, c'est un poète qui utilise de nombreuses images tout en restant dans la simplicité et l'apesanteur, c'est sympathique.

Il faut en passer par Céline! Et puis par ci par là deux ou trois phrases géniales (tellement que je les notais sur des bouts de papier pour ne pas les laisser se perdre au fil des pages), par exemple: On n'est plus qu'un vieux réverbère à souvenirs au coin d'une rue où il ne passe presque plus personne. Et là je craque.

Je viens d'achever Parlez-leur de batailles, de rois et d'éléphants (le dernier Goncourt des lycéens, je crois). C'est un joli livre très simple dans son expression qui relate le passage (véridique) de Michel-Ange à Constantinople pour un projet de pont. En plus d'être un joli panorama historique de ce que pouvaient être les relations des deux grands empires dans les années 1450 (je crois), quelques très jolis passages troublent assez profondément.

Et là je m'attaque à Sade... Heu. Curiosité malsaine? Non, découverte du libertinage, rien de plus. Hum.

En ce moment je lis les Lettres Persanes de Montesquieu, que je ne peux que conseiller, même si je n'en suis qu'à la dixième lettre, honte à moi !

Pasiphae a écrit:

Et là je m'attaque à Sade... Heu. Curiosité malsaine? Non, découverte du libertinage, rien de plus. Hum.

Ne pas réduire Sade au simple libertinage. Ce n'est pas la bibliothèque Rose.

Ah, les lettres persanes, long objet d'études de l'année dernière! Tu vas t'amuser, rarement vu un bouquin aussi riche (la preuve en est que tu peux facilement étudier la moindre lettre pendant cinq heures sans y avoir vu la moitié des choses), puis les sauts d'un sujet à l'autre (les macchistes persans, la mode, la religion, la politique...) donnent un rythme, bref tu ne t'ennuies pas du tout du tout.

Bref, intervention ô combien inutile, mais c'est coule Montesquieu.

Je ne réduis pas Sade à quelque chose, j'explique pour quoi je vais le lire. Et pour l'instant la seule idée que je puisse lui associer est le libertinage (c'est ce qu'en laissait voir la préface des liaisons dangereuses, si je me souviens bien). Ensuite, après lecture, je laisserai décanter et reviendrai en parler. Sans doute.

Sade...je connais. Un pote m'a conseillé Lolita de Nabokov et une partie des écrits d'Henry Miller pour découvrir la "liberté de la littérature". Je me suis lancée dans Miller, c'est de la littérature crue mais qu'est ce que c'est beau.

J'explique, (je lis son autobiographie) Miller est laid, il est laid dans sa perversité et dans sa vision du monde. Il le dit lui même, il est mort de l'intérieur. Dans son roman pourtant il nous emmène voler follement, son écriture est légère et poétique, ça passe tout seul. Grande leçon de morale Miller !!!

Ah, Les Liaisons Dangereuses ! J'ai trouvé le style de Laclos intéressant, mais oh combien répétitifs ! Surtout les lettres entre Valmont/Tourvel qui sont un calvaire de faux sentiments dilués dans de l'hypocrisie mielleuse et de doux mensonges.

Une oeuvre que je conseille aussi, d'ailleurs, quoique rebutante à certains moments (je pense surtout à l'autobiographie que Merteuil fait d'elle. Très intéressante, cette Merteuil, c'est l'un de mes personnages préférés des livres du Siècle des Lumières).

Ah Mouss! Il FAUT lire Lolita. Ca n'est pas cru du tout, c'est de l'art, de la sublimation.

Très coules les liaisons. Très très intéressantes. Mais rehaussé de morale en filigrane: dommage de ne pas oser aller jusqu'au bout.

Je trouve que la "liaison" assez imagée entre Merteuil et Cécile est plus qu'osée

Lolita est sur ma table de nuit... Je vais me faire un petit délire subliminal ce soir...je le sens bien là !

(OUPS j'édite!)

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Attention aux spoils, Pa', c'est toujours désagréable de connaitre la fin sans avoir lu le début :p

Attention : Spoil

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Il y a encore une chose qui m'étonne avec Les liaisons, c'est que, selon les notes de Laclos, il n'aurait fait que reprendre de vraies correspondances? Ca m'étonne vraiment, puisque c'est d'un romanesque assez irréel...

Sinon Cécile a été mon plus grand fantasme littéraire avec Madame Bovary, et je trouve ce livre vraiment intéressant dans la mesure où il expose de la manière la plus étendue qui soit l'éventail entre le vice et la vertu portés à leur paroxysme, c'est à dire presque du sadisme à l'ascèse.

Spoiler:

Les notes c'est pour faire croire à la réalité. Que tu es naïf.

En même temps, il faut lire les deux préfaces de ce livre (eh oui, il y a celle "de l'auteur" et celle "de l'éditeur", mais les DEUX ont été écrites par Laclos !) pour comprendre que ce n'est qu'un simple roman. Mais puisque tout le monde a tendance à passer la/les préface(s) pour s'attaquer tout de suite au bouquin, Rozbaum n'a pas fait une faute très grave

Mais si, j'ai lu tout ce qu'il y avait autour du livre, j'ai même fait des recherches, Laclos soutient que ce sont de vraies correspondances. "J'ai cru inutile de placer la réponse à cette lettre dans ce recueil dans la mesure où elle n'apporte rien au déroulement" des choses comme ça. M'enfin je me doute bien qu'il a voulu faire croire que ce n'était pas de la fiction. Seulement ce n'est pas clairement démenti.

Et puis oui, il y a une préface de Laclos, mais il y a surtout celle de Malraux hein. A aucun moment Laclos affirme que ce sont des lettres écrites par lui. Il dit qu'il les a enjolivées, réécrites pour faciliter la compréhension, changé les noms des personnages etc, mais il ne démord pas du fait que ces lettres sont (foncièrement du moins) réelles. La préface de Laclos dirige bien davantage vers l'idée que ces lettres sont réelles, celle de l'éditeur ne garantit pas l'authenticité du recueil, mais j'ignore quelles sont tes sources pour affirmer que la préface de l'éditeur est celle même de Laclos.

Bon. En ce moment...

D'une part les faux-monnayeurs, puisque Mouss m'a donné l'envie d'en voir le film. Pour l'instant, c'est sympathique, et très différent de ce que j'avais déjà lu de Gide. J'aime particulièrement la façon qu'il a de s'infiltrer parmi ses gentils personnages.

Et parallèlement, La philosophie dans le boudoir. Je suis obligée de dire que je n'aime pas, mais pas du tout le langage vulgaire employé. Quelques réflexions sont intéressantes, et la pensée Sadienne loin d'être plate, mais c'est plus fort que moi, je ne supporte pas les mots moches. Pfff.

Je me sens complètement stupide avec mon registre de livres... Mais bon sang, je n'en changerais pas le moins du monde.
En ce moment, je relis la série Magyk de Angie Sage, du premier coup d'oeil au titre, faut pas chercher plus loin, oui, de la magie. En fait, dans pratiquement toutes mes lectures, il y a de la magie, et c'est CA qui me plaît dans mes lectures. le fait de s'évaporer d'un monde à un autre, de voleter d'une histoire à une autre et surtout, surtout, le large horizon qu'offrent les mondes nouveaux et toutes les manières d'interpréter ces choses fantaisistes. J'aime voir les Elfes grands, beaux, puis petits et chétifs, ou encore la magie en formules, en imaginations ou en pentacles. Et je pense que je ne lirais pas la plupart de vos livres, trop réalistes à mon goût.

Je ne dis pas que je n'aimerais pas, sûrement que si, mais c'est tout comme la poésie, j'aime bien, mais faut me forcer la main pour que je m'y attaque. Mais c'est vrai que j'ai adoré Le Père Goriot, Les Misérables (version abrégée, pas fou non plus) et Les Orphelins Baudelaire (Quoique pas achevé...).

Voilà, c'était pour sortir un peu de l'axe, car, si j'ai bien compris, la plupart des livres cités plus hauts sont réalistes. Je veux dire, pas historiques, mais ils se basent sur la réalité, c'est ça?

Alors Raven... Va lire Kafka sur le rivage, de Haruki Murakami.
C'est de la vraie littérature, c'est de la magie en surdose. Découvir les grands mots par ce qui te plaira le mieux, c'est tout de même l'idéal.

Jean Genet: il y a "le condamné à mort" (c'est un poème)
Et puis Notre dame des fleurs.
Et le journal du voleur.
C'est le vice, le pénis dans toutes ses formes, l'homosexualité, la poésie. Ce sont des livres de métamorphoses.

Il y a les Bonnes aussi de waaaw. Un soupçon d'inceste pour parfumer tout ce que tu as déjà dit.

Que je n'ai pas lu...
Je suis un peu las de Genet. a force de lire 20 fois la même turgescence on se surprend à la dessiner instinctivement avant même qu'elle n'apparaisse.