Olympiades poétiques 2, les poèmes

Je les reposte... J'attends les votes de ceux qui ont du courage.


Poème 1:

Merle

Merle est une petite fille
Aux crevasses sur le front
Et aux yeux fripés
La pupille collante sous les doigts blancs
Elle aime les tirailler
Elle aime les sortir de leurs orbites
On dirait
Des planètes sans galaxies

Merle s'ennuie souvent
Alors elle prend des craies de la gouache
Esquisser des traits confus
Et des formes courbes
Difformes
Sur son plafond il y a
Le contour du Canada à l'encre bleue
Parce que c'est grand
(Quand on est petite on rêve large)
Parce que c'est la neige
Parce que c'est blanc
(Et Merle a des tresses corbeaux)
Elle a aussi tracé sur ses murs arrondis
Des éléphants jaunâtres
Grands lourds lents doux
Ils crapahutent dans le papier peint

Quand Merle pose ses pinceaux rêches
Ses doigts s'attaquent à la cornée
Elle tiraille tiraille tiraille
Ça fait de jolis sons
Des tons à la fois mielleux et rugueux
Alors Merle rit
(Et tiraille tiraille tiraille)

Continue, petite
Et tes yeux finiront par s'éteindre
Tu ne verras jamais
Les éléphants de neige au Canada

Ceux des cartes postales
Tu sais

Mais elle n'entend rien, Merle
Elle a déjà
Brisé ses oreilles en les lacérant
Alors ses doigts s'agitent
Tirailler tirailler encore
C'est rond sous ses ongles gris
C'est visqueux

Ça lâche

Les yeux de Merle sont noirs de bosses
Ils perlent des larmes de charbon

Tu ne ris plus, petite

Non, Merle crie
Elle arrache son gosier
Et déplume ses tresses corbeaux
Parce qu'elle n'a plus de couleurs
(Même aquarelles)
Et qu'elle ne verra jamais
Jamais
Des éléphants de neige au Canada


Poème 2:

Bonhomme bourru

C’était un bonhomme bourru, jamais bourré
Au manteau chaud qui lui collait à la peau.
Il avait de ces raclettes au fond de la gorge
Qui annonçaient la venue des temps hivernaux.

Ce bonhomme bourru, sans équivoque
Était de ces profanes
Mélancoliques et sans torpeur.
Il avalait de longues lampées
A coup de langues bien claquées
Pour fondre les glaces
Qui gisaient en sa glotte.

Bien des gens l’observaient de haut, l’œil indélicat
Quand notre bonhomme bourru se servait au bar du coin des neiges.
Sa corpulence les dominait,
Eux se renfrognaient.
Il était le colosse des neiges délaissé,
Le jargon en disait plus, l’appelant
« Éléphant des neiges du Canada ».

Transpercé des coins d’œil et de bouche,
Bonhomme bourru ne disait guère mot.
Il retournait sa veste
Et outils sur le dos,
Repartait cernes plissées
Au boulot, l’œil demi clôt.

Sans larme ni pleurs,
Sans chagrin ni tristesse :
La solitude n’étreindrait-elle guère
Celui qui jamais n’a connu compagnie ?
Pourtant, l’éléphant et son épaisse cuirasse,
Son large cou et ses bras forts comme chênes,
Ne demande qu’un sourire
Et un peu de chaleur
Sur les surfaces glaciales
D'une neige sans blancheur.


Poème 3:


Carnets des Amériques (extraits)

*

Nous levons l'ancre avec le soleil,
Destination: Canada
Je lève ma main avec le soleil
Et dis adieu à mes amis

Maintenant le soleil se couche
Ma cabine est un nid d'oiseaux

*
Le ciel porte la lune comme une haltère.
Les nuits sont plus pesantes
A force de veiller

Impossible de dormir
Avec la mer qui déambule

*

Je pense que je ne reverrais plus jamais Paris
Cette étoile
Engloutie

Parfois je me penche au bastingage
Et lorsque j’aperçois au fond de l'eau
Des rochers -là endormis pour toujours-
Je vois Paris en ruine
Et je la pleure

*

Maintenant il neige. Les flocons sont des yeux jetés par dessus bord. Lorsqu'ils touchent le sol, il font ce bruit cristallin d'un regard qui se brise. On peut penser au regard de l'amoureuse qui caresse
Comme un jet d'eau
Le corps de son amant
Et qui se glace
De le voir si fragile.

*

Les semaines passent et s'assombrissent d'un soleil toujours plus lointain
Je ne les compte plus
Je compte les oiseaux
Qui vont se poser sur le mât et le fleurissent
D'un pépiement très pur

J'ai peur que le soleil ne disparaisse
Complètement, nous laissant tous aveugle.
Un marin m'a dit: « les mouettes nous guident à la terre »
*
Il y a là sur le bateau beaucoup d'aventuriers.

Je collectionne leurs visages
Comme les timbres
Il me rappellent des pays lointains

*

Il fait si froid que les corps deviennent des patinoires. On joue à la pétanque avec les astres
Pour passer le temps

Ce matin, un éléphant est monté dans le ciel
Ses yeux tristes pleuraient des diamants rares
Puis j'ai compris qu'il n'était qu'un nuage

Un songe aussitôt dispersé
Par les cris rauques des marins:
« la terre la terre! »


Poème 4:


Tes lèvres où tombent les flocons -petites fleurs printanières de ma ville là-bas- s’éclairent dans la nuit où je les vois dessinées, s’éclairent mais si lointaines, si profonde la nuit que je t’ai donné dans mes souvenirs fissurés par ton sourire. Un éclair froid a glacé mon envol. Je t’envolerai, j’aurais porté un millier d’étoiles si ce n’est pour retrouver ma liberté. Passée, retenue par les branches d’un volcan éteint dans ma ville, là-bas… au fond du jardin j’ai vu passer le temps avec une bure noircie, son regard gris comme horizon qui me fixait dans l’éternel ; j’ai vu passer le temps. J’ai vu rouler les éléphants de neige sur la route verticale, tu le sais ça toi… tu connais mes hantises, j’ai froid et tu triomphes car j’ai vu l’éléphant.

Salaud...


…il portait son manteau à l’envers, il portait ton sourire en écho… impression lourde de devoir soulever le monde pour toi. Assise au milieu du jardin, un troupeau d’ombres blanches.


Ce sont des éléphants de neige, la clé prosodique d’un questionnement perpétuel… « N’attend que le souvenir » le quai, le train du quai qui attendait ta venue quand tu me portais encore dans tes bras, et la poésie morte sous le sens terne de tes phrases, souriantes, tes phrases... sans retour. De ma ville là-bas, j’ai vu la fumée s’échapper sans un bruit, tu t’en es allé.

Ce sont des éléphants de neige et tes lèvres tombent comme les flocons, se perdre dans la neige, se mêler aux souvenirs tes sourires évaporés comme cette fumée s’échappait alors. Il ne reste que l’éléphant emmaillé, un morceau de porcelaine dans la paume de ma main au fin fond du Canada… dernier souvenir à égarer, assise dans la neige j’ai attendu de perdre ton visage pour enterrer…


Et le cœur lourd de poussière, gambadaient au loin quelques souvenirs indistincts.


Poème 5:

Les petites solitudes.

Quand je suis sèche comme une brindille je regarde les gens passer
ils ont des paniers sous le bras ils sont si gentils

"Des éléphants de neige au Canada"
Le titre d'une épopée sur un vieux magazine
Cette femme est vieille elle me sourie
Me stigmatise

Quand Jésus me regarde il a une croix planté sous vide
Je le déteste.

Ce n'est qu'un détail . Parlons!
"blablablablabla"
Je t'aime je t'aime laisse-moi pleurer un peu je ne savais pas
Que tes pensées étaient comme ça

La nuit est une excuse…
Je t'aime je t'aime . Tu vas
me manquer


Poème 6:

Dans une plaine au canada
Un éléphant dort sur la neige
Ses yeux sont celui d'un fada
Au centième tour de manège

Le vent est plat entre les branches
Mais ses oreilles sont en fête
Comme en ses rêves se retranchent
Le calme plat pour la tempête

Il a des grelots à son cou
Mais la neige ne fait tinter
Que le tapis de givre mou
Sous ses clochettes éreintées

Et si la meule à son anus
Ne daignait moudre de la glace
Sa trompe au ronflement si russe
Se mêlerait aux blanches crasses

Dans une plaine aux vents arpèges
Au canada hiberne et mange
Par son cul l'éléphant de neige
Qui rêve la bouche en sa fange

Y'a t'il une date de fin de votes ? Cette fois ci , je vais tenter quelque chose ! 

Alors Jekyllette, des premières impressions? Pour les votes, je pense qu'on peut placer l'échéance au 20 octobre... Roz?

20 Octobre c'est très bien!

Je vais voter même si je ne suis point une poète.

D'accord ! 20 octobre c'est noté ! Mes premières impressions ... disons ... MAGNIFIQUE ! (c'est une bonne réponse ? )

à voté

Je viens de les lire. Je pense attendre que le poème manquant soit débarqué pour donner mon vote. En tout cas, ils me plaisent bien ces éléphants.

Tous les poèmes sont là!

ok, je rectifie mon classement alors

Je vais voter, je pense. Ce sont de beaux poèmes, vraiment.

Bon , bon , bon ... j'arrive faut déjà que je me remette au boulot ... c'est partit pour le vote ! 20 octobre c'est bien cela ? Ce sera remit avant (enfin je l'espère)

mon classement :
- poème 3
- les deux dernières strophes du poème 5
- poème 4
- le reste

Je suis en train de voter, j'ai, euh, commenté. Je sais pas si ça intéresse quelqu'un, mébon, je les inclus dans le vote, hein. Je me répète : vous êtes très forts. Très très forts.

C'est bien. Merci

on est forts

roz, est-ce que j'ai voté ou pas encore?

pas encore

On pourrait avoir les résultats ? Et le(s) thème(s) ? Mes doigts démangent de se prendre un mur de défauts dans les ongles.

je suis d'accord avec paradoxe

J'attends simplement le vote de Pasiphae puis je comptabilise et publie ça, juste après.

votes envoyés