Selon vous, globalement, la vie

La vie y'a un moment où ça arrête d'être constamment la merde ou bien la tendance de fond l'emportera sur toute tentative de relever la tête vers l'illumination ?

Et si oui, est ce que le bonheur rend systématiquement con ?

Vous avez deux heures.

On en a déjà pas mal causé, et pas que deux heures.

Je me demande si l'illumination, c'est la solution. C'est p't-être là qu'il est le problème. Quant au bonheur, tout dépend de ta définition du bonheur.

Moi je reste "étymologique" c'est plus simple : bon, heur. Ce qui échoit de bien. Donc c'est pas systématique.

Voilà tu sais tout.

Voilà une problématique qui me tient particulièrement à cœur. Finalement, j'en arrive à la constatation suivante : le bonheur, tu le décides. Et comme il s'agit d'une somme de petits bonheurs, ben faut être déterminé à être heureux.

Je découvre une enquête sociologique très sérieuse, qui met en relation la life-satisfaction avec le taux de suicide. Elle montre que "plus la life-satisfaction dans une population donnée est élevée, plus le taux de suicide est élevé." Explication donnée : "les gens malheureux au milieu de gens heureux, se sentiraient contrastivement plus mal, donc plus enclin à se supprimer." ... Mais j'ai une autre hypothèse : les gens heureux sont plus cons, car moins exposés aux risques et aux dangers de l'existence. Trop quiets, béats et suffisants, ils s'aveuglent sur les réalités humaines et notamment relationnelles, ce qui augmente l'angoisse des personnes encore assez sensées pour ne pas partager la niaiserie générale. (Tyler Durden dans Fight Club, commente les consignes aériennes en cas de crash : "Pourquoi on donne un masque à oxygène à tout le monde alors qu'il n'y a aucune chance de s'en tirer ? ... L'oxygène, ça euphorise, et ils sont aussi tranquilles que des vaches sacrées.") Bref, le bonheur, c'est pas forcément de la balle. Mon défunt grand-père disait : "L'important, ce n'est pas de vivre heureux, mais le moins malheureusement possible."

EDIT: autre hypothèse encore : les gens heureux conçoivent moins bien qu'on puisse être malheureux. Aveugles au sujet du malheur, ils inventent les psys, les HP, les prisons et les plans sociaux, pour confiner ceux qu'ils estiment non-heureux, à savoir non-conformes, un tantinet originaux, un brin sensibles aux valeurs, un chouilla sensés. D'où, rebelote, l'angoisse des pseudo-malheureux, qui ne le sont que dans la mesure où les autres s'estiment l'échelle suprême de toute norme. Bref, ce sont les derniers hommes nietzschéens contre l'homme, peut-être supérieur (de toutes façons supérieur, dans ces conditions), voire le "surhomme" (à savoir l'homme épris par la valeur).

Je trouve un peu hâtif de laisser croire que le bonheur des autres puisse influer par contraste sur le désespoir de quelqu'un.
Ton hypothèse à toi ne me semble pas plus valable.
En fait, globalement, une population "heureuse", c'est quoi pour toi? Je crois que je pourrais te donner mon point de vue quand tu auras clarifié ça.

Pasiphae a écrit:

En fait, globalement, une population "heureuse", c'est quoi pour toi?

Il faudrait le demander aux auteurs de l'article (p.8, magazine Sciences humaines n°228, juillet 2011, Heureux à en mourir). En fait, ils le disent très bien : la life-satisfaction est évaluée d'après le ressenti subjectif d'une population sondée. Donc, d'après l'article, une population heureuse est une population dont les individus s'estiment majoritairement heureux. Question de quantité subjective. Ça n'a rien à voir avec moi.

Quant à mes hypothèses, elles sont très bien mes hypothèses. Mais ce ne sont que des hypothèses on est d'accord. Et que proposes-tu, toi, au lieu de critiquer seulement ?

Pour trouver des sujets de débats larges et inopinés ; vous êtes bien similaires aussi . Vous êtes colocataires, même personne ou quoi ?

Comment veux-tu que je te le prouve, Frocker... Si tu passes un jour à Colmar, envoie-moi un MP, et j'organiserai une rencontre. Non, nous ne sommes pas colocs. Allez, finie la suspicion, vieux grigou.

Sisyphe a écrit:

Comment veux-tu que je te le prouve, Frocker... Si tu passes un jour à Colmar, envoie-moi un MP, et j'organiserai une rencontre. Non, nous ne sommes pas colocs. Allez, finie la suspicion, vieux grigou.

Je te crois.

Sysiphe et moi allons nous pacser. Et alors, ça te dérange ?

Sinon je mettrai quelques billets sur la théorie de la life satisfaction, tant la réussite des autres peut être dégeulasse aux yeux de l'assoifé.

Et pis tant que j'y suis j'échange un baril de lucidité contre deux minutes de vaches sacrées.

Sinon, Justine, je peux toujours t'appeller Justine (?), permets moi de te dire que toute charmante que tu es, tu pourrais te mouiller un peu plus.

Et rien que dans cette dernière phrase se cachent deux allusions grivoises, sauras tu les retrouver ?

incongru a écrit:

Sysiphe et moi allons nous pacser. [...] Et pis tant que j'y suis j'échange un baril de lucidité contre deux minutes de vaches sacrées.

Je pensais mieux te connaître. (C'est la recherche d'illumination, le problème, que j'te dis. Forcément, par contraste avec l'illumination, la vie c'est pas joli-joli. Au fond, tu es complètement baudelairien : Spleen et idéal.)

(Je m'appelle Marie-Anaïs)

Bon, j'explicite quelques pistes pas forcément profonde, dans l'optique de Sisyphe.

Une société heureuse = une société qui a su combler les besoins primaires = nouveaux objectifs, pas forcément évidents à trouver = temps dégagé au commencement d'une réflexion = suicide.
Mais en fait, ça paraît simpliste.

l'être et le paraître

Pasi, non ce n'est pas si simpliste que ça, mais je pense que tu interprètes. Ce serait encore vrai, 10 ans après une révolution réussie. Mais à mon avis notre société, en cet an de grâce 2011, sait où elle en est depuis la Seconde Guerre mondiale, dernier véritable grand chambardement général. Je pense que nos sociétés sont mûres dans leur démarche. Et leur démarche, c'est essentiellement (sans militantisme de base) le consumérisme et le productivisme, encore, hélas. Donc forcément, le bonheur doit être synonyme de bien-être, et le bien-être de satisfaction des besoins et des plaisirs. Dans ces conditions, je pense que le malheur éprouvé est plutôt signe de santé mentale. Évidemment, un malaise ne peut pas durer. Il faut parvenir à situer les valeurs, et définir une démarche personnelle dans l'ensemble à partir de là. D'où le fait que je puisse me dire assez facilement heureux, mais dans le sens où j'adviens ainsi que je veux. -- Je ne parle pas de statut social, ni de salaire, mais de façon d'être et de joie de vivre.

Je ne te parle pas de société mais d'individus. Ce sont donc les individus qui ne savent pas se situer - si pour toi ce n'est pas le cas, c'est coule.
Plus tu as le "loisir" de méditer, plus tu es malheureux (ou l'inverse), mais une société où déjà il faut lutter pour survivre ou vivre mieux (une vraie lutte, pas des petits combats), je pense ne laisse pas ce temps nécessaire à l'introspection.
Et puis si, c'est simpliste, dans le sens où ça ramène aux généralités.

Je pense qu'ils sont nombreux, les individus hommes et femmes à ne pas savoir se situer dans la société, alors qu'ils font partie "des adultes" pourtant. (A mes yeux, ce n'en sont pas, des adultes. L'âge ne fait pas tout.) Je pense aussi que ce sont ces individus-là, socioprofessionnellement bénéficiaires (mais non contributeurs, sauf pour l'impôt obligatoire) qui ont le plus de chance de se dire heureux, car ils s'imaginent que le bonheur, c'est leur bénéfice socioprofessionnel (à tous les plans : affectifs, amicaux, carriéristes, etc.). Bref, ils ne doivent pas savoir ce que c'est que le bénévolat. En tout cas ils s'en méfient. Or le bénévolat, c'est la démarche de l'Homme de valeur (pas forcément dans l'associatif, mais dans la Vie au sens large). Cet Homme-là, homme ou femme, a de quoi être malheureux quand il constate la life-satisfaction des autres, et il doit faire de grands efforts pour ne pas vomir le monde, car cette life-satisfaction est vile. D'où la nécessité pour lui de trouver ses valeurs, de les définir pour lui et de se situer dans la société à partir d'elles. C'est ce en quoi je crois.

Encore une fois, tu ramènes à ton expérience...
Ok; tu es un adulte de valeurs, bénévole dans la Vie. Mais moi je te parle de tous les suicidés (pas sur ça au départ le débat?). Ce ne sont pas tous des adultes de valeurs, mais des hommes qui ont eu l'occasion de réfléchir.

Et puis, cette life-satisfaction, c'est drôle, je n'ai pas l'impression qu'elle existe, concrètement.
Et quelqu'un de purement altruiste, à mon sens, donne sans se soucier du retour.

Pasiphae a écrit:

Encore une fois, tu ramènes à ton expérience...

Oui, car j'expérimente la vérité*. Mais je parle du don de soi en général quand je parle de bénévolat, d'amour et d'abnégation. Quiconque s'y adonne connaît la vérité*, qui donne accès au véritable bonheur.


Notre débat ne part pas du suicide. Mais il n'est pas dit que le suicidé fusse quelqu'un qui réfléchît. Toutefois, il rumina certainement jusqu'à lutter, buter, enfin se buter.

Le suicidaire, malheureux entre les malheureux, a N raisons de canner, selon la situation. Schématiquement, ce peut être par individualisme (dernier acte d'affirmation de soi), par altruisme (sentiment d'être plus utile mort que vivant, de ne plus être un poids), par anomie (perte totale de repères qui conduit dans les limbes), par fatalisme (dernière extrémité, issue logique et nécessaire, pour ainsi dire tragique, langueur et abandon à la mort, croyance à l'inéluctable de sa condition).

Naturellement, ce sont des cases, et le suicidaire réel peut s'insérer dans l'une et dans l'autre. Et puis, ces cases, je ne les invente pas, je les sors de la sociologie d'Émile Durkheim, histoire de.

Pasiphae a écrit:

Et puis, cette life-satisfaction, c'est drôle, je n'ai pas l'impression qu'elle existe, concrètement.

Oh mais bien sûr que non ; c'est une donnée statistique, forcément.


______________________

* Ça va barder !

Gloup gloup ?

Allez quoi, tout le monde son slip sur la tête !!
Tu commences Marie-Justine.

Tu es chiant.

Ah nan, on commence à être chiant seulement à partir de quatre virgules et deux adverbes en moyenne par phrase.

Moi je suis pétillant.

Non.

Je m'incline face à la pertinence de l'argumentation chérie.

Tu chéris donc les argumentations ?

La fête du slip : ouééééééééé !

Seulement quand y'a du poil autour.