Êtes-vous influencé dans le style par l'auteur que vous lisez ?

Bonjour à tous, j'ai une petite question, qui peut s'ouvrir sur un débat :

Êtes-vous influencé dans le style lorsque vous écrivez par l'auteur que vous lisez à ce moment là ?

Pour moi, je pense que oui. J'ai lu Prévert, j'ai voulu faire des poèmes avec du rythme, par forcément imagés et je les aime bien.
Je lis Martin Eden, la description de beauté et la pensée même de M. Eden me donnent envie de créer du beau.
Je pense que ce n'est pas tout le temps forcément vrai mais ces deux là sortent du lot moderne.

Après, ce n'est pas du plagiat, je prends mes propres idées, créer mes propres histoires inventées moi-mêmes en brossant quelque chose de stylistique.

Au bout de quelques jours, cette influence va diminuer mais rester présente quelque part dans votre tête.

Peut-on être influencé ? Ça nous aide pour trouver notre style final ? Ça nous aide pour l'écriture ? Avez-vous déjà été influencés dans le style ? Qu'en pensez-vous ?

Ça me semble assez évident, oui. Oh gosh, je me rappelle encore de la période où je ne lisais qu'Aragon, et où je travaillais mon rythme. Je ne savais pas encore césurer correctement, ni bien compter les pieds, brayf, c'était une catastrophe dont j'étais très fière, et je me figurais être géniale. Ça ne me semblait pas si dur, alors que maintenant que je connais à peu près toutes les règles de la poésie classique, que je relis Aragon (toujours) et remarque son sens du rythme, son art des rimes, j'ai bien envie de me pendre pour avoir osé penser que j'allais atteindre le quart de son niveau.

Bon, je suis une adolescente, alors c'est peut-être particulier, mais j'ai conscience d'à quel point je suis malléable, tout mon être (sauf mon corps, à mon grand malheur, mais c'est autre chose), mon esprit, mes pensées. Je refuse d'être tranchée, je refuse l'intégrité absolutiste qui n'aboutit souvent qu'à la bêtise, et j'aime bien mettre du vin dans mon eau, ou de l'eau dans mon vin, c'est ainsi que je justifie l'influence qu'ont les gens, et surtout les écrivains, penseurs, poètes, sur moi et sur mes vers.

Je le vois bien lorsque j'achète un recueil, ou un livre, ou un disque, même ma musique (la pauvre) ressent cette influence, et je m'inspire, je pompe (parfois, ou souvent, et c'est d'ailleurs le sujet d'un de mes textes ), ça me donne des idées, c'est très pratique. Non pas que je recopie ouvertement, mais je fais à la manière de... Cela dit, bien évidemment que cela me permet de me construire ! Les adolescents sont des éponges, ils fabriquent leur personnalité à partir de bouts de machins, de trucs, de débris de choses, et c'est ainsi tout le long de notre vie. Enfin, je crois à l'évolution perpétuelle pour les plus intelligents — quant aux autres, qu'ils s'arrêtent au minimum, grand bien leur fasse. L'art, c'est la même chose. On se construit, on bâtit notre écriture parce que l'on lit, et pas seulement ! parce que l'on écoute de la musique, parce que l'on discute, parce que l'on va au musée, parce que l'on va au cinéma, parce que l'on aime, et cætera.

Le meilleur moyen de progresser, c'est de s'enrichir, et de faire, de fabriquer. Je suis une faiseuse de choses, j'aime bien ça, je ne suis pas la meilleure, mais je fais, je fais, je fais, et puis je progresse, je crois.

Édit : De toute façon, il existe des gens qui prétendent écrire sans influence — cela arrive, et je ne leur reproche rien, simplement c'est impossible. Il faudrait ne jamais lire, alors, être sourd aveugle muet, ne jamais avoir rien perçu pour créer quelque chose de nouveau — car tout a déjà été dit, et cent fois mieux, c'est désespérant certes — mais je ne suis même pas sûre qu'il soit possible alors d'actually créer quelque chose de nouveau, parce qu'on n'aurait alors aucune conscience de ce qui est nouveau ou ce qui ne l'est pas.

(Je suis vraiment bordélique, désolée.)

Poétiquement parlant, je suis un incapable.

C'est-à-dire que lorsque j'ai commencé à écrire des poèmes, je n'avais jamais rien lu. C'était nul, pourri, mou, sans fond, sans rythme, sans rien. Je créais du vent. Ça ne remonte pas à si longtemps que ça, puisque ces poèmes datent d'il y a 6 mois pour les plus récents. Rozbaum et Pasiphae pourront vous le confirmer, j'ai fait l'erreur d'en poster un sur JE. J'avais même l'illusion de le trouver potable à la relecture... Comme quoi, j'ai encore beaucoup de maturité à acquérir.

Puis il y a quelques mois, j'ai lu mon premier recueil. Je veux dire, je l'ai vraiment lu ce recueil. Je n'ai pas survolé quelques poèmes de-ci et de-là en me disant "Ooooh, la belle rouge, ooooh la belle bleue"... Non ! Ce recueil, Le parti pris des choses de Ponge, je l'ai lu en décryptant chaque phrase, en cherchant la signification de chaque mot. J'ai téléchargé une émission d'Apostrophe dans laquelle on faisait interagir cet auteur avec d'autres poètes contemporains et j'ai découvert l'univers de ce génie, trop modeste pour l'admettre. Bref, je me suis imprégné de cet auteur. Du coup, je me suis mis à la prose, et quand je regarde mes poèmes, je pense vraiment avoir gagné en maturité. Enfin pour l'instant ils ne sont qu'au nombre de trois, donc je ne peux pas vraiment me faire une idée concrète... Mais je vais continuer un peu comme ça. Puis je vais attraper un autre recueil, d'un autre auteur, et je recommencerai.

Donc oui, je suis complètement influencé par mes lectures. Et même si j'ai pris l'exemple de la poésie, je pense que c'est aussi le cas dans la nouvelle et le roman, inconsciemment. Mais ce n'est pas une mauvaise chose selon moi, juste une méthode d'apprentissage.

Moi non, je ne me sens nullement influencée par mes lectures.

C'est pour cette raison d'ailleurs que je me revendique comme une auteur en marge de littérature, je ne lis rien, me ferme à tout pour ne pas être influencée et cela me paraît parfaitement normal: en vrai je me sens si... unique.

La première fois que j'ai écrit un poème... un poème au vrai sens du mot, parce que j'en ai écrit des "merdes" avant... et bien je me suis calquée parfaitement sur un poète que j'admirai beaucoup, j'ai volé ses mots et ses images. Ensuite, et ce que vous ne saviez pas, j'ai continué mon plagiat honteux en me dressant une image grâce à quelques unes de mes lectures. J'étais obnubilée par l'eau pour la simple et unique raison que cela était le thème de mon anthologie personnelle, autrement dit les uniques poèmes que j'avais pu lire et comprendre (car il est difficile de s'ouvrir à la poésie)... puis j'ai lu et compris.

Dieu m'a ouvert la voie de la sagesse et mes yeux ont pleuré le sublime !!!

J'ai lu Tzara alors j'ai tué le sens de mes poèmes... c'est sans doute le moment le plus exaltant de mon existence.

J'ai honte... les rivières qui coulent à l'envers c'est de Mourlevat.

J'aime tellement les rivières qui coulent à l'envers... Mourlevat est ma muse secrète.

Donc non je ne suis pas influencée par mes lectures. D'ailleurs cela aurait été idiot. Proust s'est découvert son talent en pastichant les grands auteurs. PROUST. A mon avis se fermer hermétiquement en considérant que notre style est propre et ne changera jamais est une très mauvaise idée.

L'idée est que je possède un esprit illogique (sinon j'aurais pris le commentaire aujourd'hui) et que mon inspiration est tout ce qu'il y a de plus mouvant sur terre. Je ne considère pas avoir de style propre, je suis une aventurière de littérature et je ferais le tour du monde de mots pour me découvrir de diverses façons.

Citation :

Êtes-vous influencé dans le style par l'auteur que vous lisez ?

Non

Louis Aragon a écrit:

Citation :

Êtes-vous influencé dans le style par l'auteur que vous lisez ?

Non

jeune prétentieux

Robert Desnos a écrit:

Louis Aragon a écrit:

Citation :

Êtes-vous influencé dans le style par l'auteur que vous lisez ?

Non

jeune prétentieux

petit voyeur

O Louis, tu es beau, tu es grand, Louis je t'aime, laisse Elsa, ne sois plus jaloux jaloux des guitares, épouse-moi.

(Niin, je ne suis pas folle.)

Paradoxe Néant a écrit:

O Louis, tu es beau, tu es grand, Louis je t'aime, laisse Elsa, ne sois plus jaloux jaloux des guitares, épouse-moi.

(Niin, je ne suis pas folle.)

Au moment où je disais des méchancetés sur ta présentation, je me sens coupable maintenant.

Mais faut pas, la cruauté est le privilège des hommes beaux. Tu me déçois à apprécier ceux qui te complimentent, c'est de la démagogie inversée.

On est pas cruel avec les petites filles.

C'est la sagesse du vieux. (J'ai vu le point qui n'y était pas, d'ailleurs. Ou alors je l'ai rêvé ? Dans tous les cas, c'est cruel de dire ça.)

C'étais si bien parti que M. Louis d'Aragon est venu tout flooder (va, je ne t'en veux point.)

@Paradoxe Néant

Citation :

Ça me semble assez évident, oui.

Tout à fait d'accord avec cette phrase et avec ton point de vue. (-:

@Pluie
Donc ça t'aide à te construire avec tes propres bases et ça rejoint les propos de Paradoxe. (-:

@Mouss
Je ne vole pas. Je décortique et j'admire. Après je compare avec moi et lorsque j'écris une histoire après : je regarde mon rythme, style plus attentivement et j'essaie de faire mieux voir de "reproduire" quelque chose (cf tout en haut.) (puisqu'on ne pourra jamais recopier Le style/texte d'un écrivain).
S'en aider pour construire mais pas voler. Mais tu t'inspires quand même au final. (-:


Oui, s'inspirer permet de construire. Des exemples sont nécessaires pour se poser des barrières de ce qu'on veut, ce qu'on ne veut pas.

Citation :

Êtes-vous influencé dans le style par l'auteur que vous lisez ?

Moi, oui. C'est souvent passager, temporaire. Je suis sous le coup de ce que je lis. Et puis, de mes 8 à 24 ans, il y avait Nietzsche dans ses traductions Folio, en français. Mais on s'en défait. Albert Camus par contre, m'a pas mal remué. J'aime employé des passés composés et des plus-que-parfaits dans le récit, là où on ne voudrait que des imparfaits et passés simples, par exemple. Enfin bref, le style, c'est comme les vêtements : on s'inspire, et/ou on imite, et/ou on personnalise, etc.

Moi j'aurais dit pareil que Paradoxe mais avec moins de classe.

Influencée par le style d'un auteur à la mesure de l'influence que peut avoir une expression de visage dans un tram, un faux mouvement, enfin, n'importe quoi qui vienne de l'extérieur, mais pas influencée au point de piquer les mimiques.