Bovarysme et donquichottisme

Bovarysme (dixit Flaubert) : "Faculté départie à l'homme de se concevoir autre qu'il n'est, en tant que l'homme est impuissant à réaliser cette conception différente qu'il se forme de lui-même." En gros, on s'illusionne sur son compte en s'imaginant que nos conceptions nous changent réellement (physiquement, socialement, humainement...) alors qu'on en reste au stade de quelqu'un qui s'illusionne sur son compte sans parvenir ni pouvoir aller au-delà.

Donquichottisme : "(Wiktionnaire) Disposition d'esprit et comportement caractérisés par le désintéressement et une ardeur réformatrice qui ignore les réalités.
(Reverso) -- ironiquement -- Tendance à faire le don Quichotte, à avoir un comportement de redresseur de torts." A savoir donc, que don Quichotte s'invente un pseudonyme (don Quichotte de la Manche) à partir de ses lectures chevaleresques, et s'imagine en pleine Renaissance raviver la flamme de la chevalerie, et tout le monde le prend pour fou, ce qu'il est en ce qu'il ignore les réalités et prend les aubergistes pour des châtelains, les moulins pour des géants. Bref comme on dit, c'est un no life sorti de son trou, qui s'imagine pouvoir tout faire à son idée, croyant que les choses sont à son idée.

Alors, j'en parle, parce que j'ai pratiqué ces deux formes d'attitudes. Fut un temps où je m'imaginais que prendre de fermes décisions par l'esprit changerait quelque chose à mon être, et aussi que porter un regard valeureux sur le monde changerait sa nature et ennoblirait la nature de mon action.

Cause ? ... La littérature et la philosophie. Tout d'un coup, l'intellect s'imagine dans le Vrai le plus vrai.

Comme quoi, mon encyclopédisme et mon intelligence n'ont pas toujours joué à mon avantage.

Dans ces moments je vous assure, on finit par se croire fou. Connaissez-vous ou avez-vous connu ces états ?

Faîtes votre autocritique avant de critiquer !

Disons que... pour le Bovarysme, oui, c'est sûr et certain, je suis passé par là. Peut-être même que j'y suis encore. Enfin, j'essaye de me rendre meilleur, on verra ce qu'il en sort! Mais bon, je ne me suis jamais vraiment senti fou... Enfin, jamais vraiment signifie que j'y ai songé plusieurs fois. Surtout en découvrant que j'étais paranoïaque, c'est con comme ça m'a fait peur. Donc je sais pas si ça colle au bovarysme, mais je me suis déjà entre-vu comme un fou quand j'ai compris que j'étais légèrement parano (pas au point de croire que le monde m'en veut ou qu'un psychopathe vit dans mon grenier...).

Pour le Donquichottisme, je ne suis pas sûr. Si s'inventer des histoires dans lesquelles on incarne le héros est une forme de Donquichottisme, alors oui, je pratique. Sinon, c'est juste mon imagination débordante qui a besoin de limites réelles pour ne pas vraiment déborder.

Attention : bovarysme et donquichottisme ne sont pas des notions psychiatriques ni psychopathologiques. J'ai envie de dire que c'est la folie douce. Alors si tu parles de paranoïa en ce qui te concerne, dis déjà s'il s'agit d'un diagnostic psychologique, ou si tu estimes faire ton parano -- ce n'est absolument pas la même chose. Mais j'ai envie de dire, la parano ordinaire, oui, est une espèce de donquichottisme.

Après oui, en ce qui me concerne, je dis "je me croyais fou" eh bien, très difficile de définir la folie n'est-ce pas. Le psychiatre nous parlera d'état mental, interprétatif, perceptif et social extrême... déséquilibré au point que la personne n'est réellement plus capable de s'assumer selon les nécessités de la situation. Bref, le décalage créera des carences, des impossibilités.

Mais si je m'exclame "je suis fou !" je pense au fond de moi : la seule différence entre moi et un fou, c'est que je ne suis pas fou (dixit Salvador Dali). Ou encore (Claude Chabrol) : un retour à la norme me semble plus inquiétant que la folie.

Bref dans ce contexte, il y a trois folies :
- la folie maladive (inadaptation aux réalités)
- la folie douce (bovarysme, donquichottisme, mais aussi superstition, ésotérisme, etc.)
- la folie ordinaire (parano, délire, trip, déjanterie, non conformisme, etc.)

Donc moi, je parle bien de folie douce, là où tu parles (je ne sais pas, au choix) de folie maladive ou de folie ordinaire. Et puis, n'y voit aucune forme de rabais, de réduction ou de ravalement : tu as 15 ans, en pleine évolution psychobiologique vers la maturité. Tu n'imagines pas à quel point ça joue sur le fait de "taper sa parano". Bref, c'est naturel.

------------------------------------------------

Bon je ferme ma parenthèse pour dire alors que, connaissant le bovarysme, je pense qu'on est d'accord pour dire que c'est une merde chiante à vivre ?
Enfin, moi, ça me foutait les boules de constate mon impuissance dans mes lubies.

Pour le donquichottisme, j'ai envie de dire que s'inventer un pseudo + avatar relève de ça pour commencer. Enfin, du moment qu'on n'y met du sien, au sens où on croit à leur impact symbolique.

Donc je me suis lamentablement planté!
En fait, en suivant tes réflexions et ton ordre de folie, je souffre des deux cas, mais pas de l'inadaptation aux réalités (du moins j'espère). Tant que je vis bien...

Je ne prends pas tes déclarations comme des paroles visant à m'enfoncer ou quoi que ce soit, et je te remercie de me rassurer! (un peu quand même, si si) Enfin, j'espère que ça signifie que ma paranoïa va s'atténuer un peu, parce que c'est pas facile tous les jours et ça fait perdre confiance ou douter en tout cas!

On est d'accord, le bovarysme est dur à vivre! Ca fait fuir plus de gens qu'on croit...

Citation :

En fait, en suivant tes réflexions et ton ordre de folie, je souffre des deux cas, mais pas de l'inadaptation aux réalités (du moins j'espère).

Écoute, les messages que tu as posté jusque là ne témoignent d'aucun désordre. ^^

Qu'on manque de confiance en soi, qu'on doute de soi, c'est légitime et même logique. Si ce n'était pas le cas, on prendrait toutes ses pensées et actions pour des valeurs sûres sans réflexion. Bien sûr, trop douter, trop craindre, c'est une autre forme de limitation. M'enfin, de là à être paralysé, il y a un Rubicond à franchir !

Citation :

On est d'accord, le bovarysme est dur à vivre! Ca fait fuir plus de gens qu'on croit...

Oui, je crois que oui en effet, ça fait fuir les gens. Parce qu'ils se rendent bien compte qu'entre ce qu'on prétend et ce qu'on est, il y a comme un bizarre décalage. ^^

"
Comme quoi, mon encyclopédisme et mon intelligence n'ont pas toujours joué à mon avantage.
"