La Cigarette

J'aime fumer, mais ça n'a pas toujours été simple entre la cigarette et moi.

J'ai eu la chance de commencer tard, vers 21 ans. Au départ, je fumais peu. Disons 4-5 cigarettes par jours. Et puis, je suis passé à 12 envrion, sans compter les jours de fête où ça fuse.
On le voit, je n'ai jamais été grand fumeur mais, pourtant, je culpabilisais suite au moralisme contemporain à son sujet. Reste que je suis heureux qu'elle soit interdite dans tous les lieux publics.

J'ai essayé d'arrêter d'innombrables fois, considérant que la dépendance était comme une condition essentielle de mon rapport à la cigarette et, en ce sens, je voulais m'affirmer en tant qu'Homme libre. Finalement, j'y suis parvenu 6 mois, avant que je ne déménage en colocation, où j'entrais dans une relation de couple où fumait ma partenaire.
Plus tard, j'ai à nouveau réussi à m'arrêter pendant 6 mois.

Si la première fois que je refumais, j'ai vécu ça comme une rechute, eh bien la seconde fois, récente, relève de tout autre chose.
Déjà, je l'affirme, je n'ai pas besoin de fumer, c'est une question de volonté que je maîtrise réellement. Par contre, la cigarette est pour moi un acte superflu, et agréable parce que superflu. Il est gratuit dans l'idée (moins dans l'achat).
Je ne fume que le soir, dans mes moments intellectuels et littéraires. Fumer, c'est le jeu du volatile et du souffle ; bref : de l'esprit.

Je vous prie d'écarter les discours sanitaires et hygiéniques de l'échange, car on sait. Chaque fois que je me suis arrêté, je redécouvrais au bout de trois jours seulement une capacité pulmonaire améliorée. Mais il faut savoir que le sport que je pratique le plus est la marche et la randonnée (je fais le maximum à pied).

Enfin, je ne fume que des roulées sans filtre, pour le geste et la véracité de la chose. Après être passé par les cigarillos et différents tabacs, je reste fixé sur le Drum violet, gras de texture, fragrant à mon nez comme un bon lard fumé et très ample en bouche.

J'aime fumer aussi et même j'aime me croire non dépendant.
J'ajouterai juste une chose

Citation :

Fumer, c'est le jeu du volatile et du souffle ; bref : de l'esprit.

Fumer c'est le jeu du souffle, bref : du corps.
Et d'ailleurs c'est très intéressant, concernant le souffle, les clopes et l'écriture. En effet, je crois que l'écriture est lié à une certaine ébullition du corps, de l'intensité de ces perceptions et sans doute aussi des affects qu'il refoule, c'est donc, lorsque cette intensité est à son paroxysme, lorsque la chair est pleine et tendue, que ce ressent le plus fortement le besoin d'écrire ET de fumer, - lorsque ce besoin à été satisfait, comme pour faire baisser le souffle de l'écriture ou la tension du corps, - et lorsque ce besoin n'a pas put l'être pour divers problèmes techniques ou expressifs, comme un dérivé, un palliatif à ce manquement, à ce défaut, à ce refoulement supplémentaire.
(je précise pour éviter les mésinterprétations que je ne considère pas la perception ou l'intention comme nécessairement liée à un objet mais plutôt quelque chose comme la forme d'une connexion.)

L'idiot a écrit:

Fumer c'est le jeu du souffle, bref : du corps.

Oui bien sûr, je ne suis pas beubeu !
Mais si tu prends les pratiques de méditations ou certains arts martiaux, ils impliquent profondément le souffle. Le souffle est le phénomène spirituel par excellence. L'esprit, c'est le spiritus latin, qui signifie souffle aussi. De même en grec, l'esprit est pneuma, qui donne pneumatique, aérien. Et puis en arabe aussi, mais je ne me souviens plus du terme... âq je présume, qui signifie âme et souffle.

Et puis à mon sens (mais ça on ne pouvait pas le deviner) le distinguo corps/esprit est sans fondement. L'esprit, c'est la valeur du corps et le corps, c'est la réalité de l'esprit.

L'idiot a écrit:

Et d'ailleurs c'est très intéressant, concernant le souffle, les clopes et l'écriture. En effet, je crois que l'écriture est lié à une certaine ébullition du corps, de l'intensité de ces perceptions et sans doute aussi des affects qu'il refoule, c'est donc, lorsque cette intensité est à son paroxysme, lorsque la chair est pleine et tendue, que ce ressent le plus fortement le besoin d'écrire ET de fumer, - lorsque ce besoin à été satisfait, comme pour faire baisser le souffle de l'écriture ou la tension du corps, - et lorsque ce besoin n'a pas put l'être pour divers problèmes techniques ou expressifs, comme un dérivé, un palliatif à ce manquement, à ce défaut, à ce refoulement supplémentaire.

C'est assez suspect pour moi, cette façon que tu as de psychanalyser la relation souffle-clopes-écriture. Je reprendrais simplement mes termes :

Jem a écrit:

Fumer, c'est le jeu du volatile et du souffle ; bref : de l'esprit.

PS: j'ai finalement lancé un topic sur la psychanalyse.

Ah non non mais ce n'est pas parce que je parle de refoulement que je fais de la psychanalyse. (Hegel parlait déjà de refoulé.)
Je refoule (délire) le monde je ne refoule pas (délire) papa-maman.

(je vais voir ce que donne le sujet plus approprié)

Le tabac c'est tabou ! on en viendra tous à bout !

Je ne vois pas le réel apport de la cigarette.
Personnellement, je préfère garder mes sous-sous dans la po-poche pour me faire plaisir que d'aller les dépenser bêtement (bien que ceux qui fument ressentent ça comme un apport de "détente, bien, frénésie".
(décidément, deux renvoies aux inconnus pour un seul message, qui fait mieux ?).

Il n y a pas de réel intérêt à la cigarette, comme il n y en a pas aux plaisirs instantanés. Je dois fumer depuis mes quinze ans et je dirais sans exploits que cela ne m'a jamais rien apporté si ce n'est la perte de fric (Et le fait de frapper ma santé.). Alors pourquoi je fume ? Je fume parce que ça m'occupe les doigts. Je fume parce que j'aime la fumée qui viole mes poumons. Je fume parce que le fait de fumer m'aide à me concentrer (comme un exercice de respiration.). Je fume comme on médite. (Ce qui rejoins votre exercice du souffle.)

Elle te viole l'âme la cigarette, pas que les poumons.

beuh...

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards

(Salut Paulo, que fais-tu donc ici, je te croyais mort ?)

Moi, la cigarette, je trouve ça très esthétique. J'aime l'esthétique, enfin, l'esthétique qui n'est que grâce, la volupté, ce quelque chose sans nom que je vois un peu partout et dans les bras allongés et brusques des jeunes hommes. Je ne fume pas et ne fumerai pas, d'abord parce que je déteste l'idée de dépendance tout autant que je détesterai celle de me détruire consciemment. Mais je trouve ça magnifique, lorsque dans Mad Men, Betty Draper tient sa cigarette après l'amour, je trouve ses mains sublimées, et son corps, tenu par sa clope, c'est beau. Et puis Charlotte Gainsbourg, dans ce film dont j'ai oublié le nom où elle joue avec son amoureux Yvan Attal (ça doit être Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfant), quand elle apparaît de dos, le cou penché, et je crois avec une cigarette à sa main, elle est plus belle que jamais.

Fumer ne provoque pas la dépendance chez tout le monde.
On a eu une discussion là-dessus sur la box avec Jekyll hier.
Je fume depuis trois ans maintenant. Deux à trois clopes par semaine.
Une petite boîte hermétique, un peu de tabac, du "fleurs du pays", une feuille et me voilà transporté au paradis. J'adore fumer mais je ne veux pas que ça soit trop régulier, par peur de ne plus autant apprécier cet acte qu'aujourd'hui.
C'est ma philosophie pulmonaire de la petite dépendance.
Et non, pour l'instant je n'ai jamais plus fumé que ça. J'espère que ça ne changera pas... Parce que l'un des plus grands plaisirs de ma vie, c'est celui de fumer tout en écoutant de la musique ou en barbouillant quelques conneries sur mon cahier de notes, sous le soleil des beaux jours d'été.

Je dis pas que tous ceux qui fument sont dépendants, je dis que moi, je le serai, et ça me fout une trouille d'enfer. Je suis déjà dépendante à beaucoup de choses (rien d'illicite, rassurez-vous), alors une de plus, surtout une qui risque de causer plus de soucis à ma santé que les autres, non, je n'en veux point.

Et tu as bien raison si c'est le cas.
Pour moi, la cigarette ne doit être source d'autre chose que de plaisir.
La dépendance, ça peut rendre vraiment moche. Et ça fait peur quand on voit à quel point certains en sont atteints... Sacrifier un concert de piano pour une clope ! Cette dame tremblait de son manque de nicotine. Non, assurément, je n'ai pas envie de me mettre à fumer trop régulièrement.

J'ai lancé cette discussion in illo tempore. (J'étais Neverone, et j'ai totalement perdu les clefs de ce compte, à jamais inaccessible malgré mes démarches, devinettes et tentatives.)

Vous avez tous raison. Ceci étant, je me suis remis à fumer sérieusement, et la semaine dernière j'essaie d'arrêter. Je tiens cinq jours, en ne pensant qu'à ça. Ah j'ai bien fait le malin, en disant que c'est une question de volonté ci-dessus. (Enfin, je pense que ça l'est, mais pas aussi simple.) Du coup, je refume, et je n'aime plus forcément ça. Ça dépend.

L'activité reste plaisante, esthétique et gratuite (dans l'idée, moins dans l'achat), mais c'est un peu un boulet, et ça crève.

La cigarette fait quelque chose de nos mains; sinon, on ne sait jamais où les mettre.

Oui, mais on devient esclave de ses mains.
Cf. Sizif.

Pablo Neruda a écrit:

La cigarette fait quelque chose de nos mains; sinon, on ne sait jamais où les mettre.

Ah, comment font-ils, tous ces non-fumeurs ?

On dirait que tu as un problème pour savoir où mettre tes mains. Il y a les poches, les bras croisés, le long du corps, toute la mimique et la gestuelle dans l'échange, les accoudoirs, les tables, etc. Sinon, prend un stylo et écrit, c'est plus safe.

la décadence, ca a un style, aussi.

Donc c'est l'image, qui t'intéresse. Un peu vaniteux tout ça, mais pourquoi pas.

Je trouve très joli ce qu'a dit Paradoxe

L'image, Sizif, c'est aussi de l'esthétique, rien de vaniteux ok

OK

Hé hé, ho ho
Je suis amoureux d'une cigarette
Toute la sainte journée elle me colle au bec
Hey Lucie, si te reste un peu de ferraille
Ravitaille moi d'un paquet de gris
Que je m'en grille une aussitôt
A la place de ce satané vieux mégot, ho ho

Je suis amoureux d'une cigarette
Sans elle j'ai l'air d'un poussin
Cherchant son omelette
Hey Suzon, si te reste un peu de pognon
Ramène-moi donc un paquet de blond
Que je m'en roule une aussi sec
A la place de ce satané vieux mégot, ho ho.

Je l'aime bien épaisse
Roulée comme une papesse
Dans son fourreau Zigzag a bord chromé
Quand du bout de la langue
Je la lèche, elle tangue
Fumante elle frémit sous la morsure
De mon dentier Hé hé.

Je suis amoureux d'une cigarette
Elle a la rondeur d'un sein
Qu'on mord ou qu'on tête
Hey Jenny, y'aura une taffe pour toi
Si tu penses a mon paquet de gris
Magne-toi car j'ai bientôt fini
De tirer sur ce satané vieux mégot.

Je suis amoureux d'une cigarette
Suzy, hey, hey
Je suis amoureux d'une cigarette..

C'est marrant.

Pasiphae a écrit:

L'image, Sizif, c'est aussi de l'esthétique, rien de vaniteux ok

Tu as raison. C'est simplement superficiel. Ceci étant, je fume aussi pour ça. L'image. Mais c'est superficiel. Du vent. Ketschi.

C'est de toi June?

SUPERFICIEL//IMAGE le parallèle est trop vite fait...

C'est de J.Higelin.

Mais je lui dirais.